Fédération québécoise des échecs
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Larry Bevand arbitre International


Par Paul Maisonneuve

Échec+ mars 2007


Dans le but de d’améliorer le style d’entrevu questions réponses, que je trouve un peu agaçant, j’ai préféré laisser M. Bevand nous parler un peu de son vécu aux échecs et de comment il en est venu à obtenir le titre d’arbitre International. Laissons parler le principal intéressé.

« J’avais environ 12 ans lorsqu’un ami à l’école entreprit de m’initier au noble jeu. J’ai rapidement assimilé les règles du jeu, et dans le temps de le dire, j’étais atteint du virus des échecs. Afin m’encourager ma mère m’avait acheté un livre qui s’appelait « Chess made simple ». A la fin de l’année scolaire j’étais devenu le meilleur de ma classe.

Le fait d’être le meilleur de ma classe a vite fait de me motiver à continuer à jouer. Au secondaire, je me suis impliqué, en accédant au poste de Président du club d’échecs de mon école. Parmi les membres de ce club il y avait Gary Katch (.18) qui avait abandonné les échecs mais qui s’y est remis depuis quelques années, ainsi que le célèbre grand-Maître d’origine Montréalaise Kevin Spraggett. On jouait des tournois par équipes entre les écoles secondaires. Je me souviens d’une année ou le Rosemont HS, que l’on représentait, a gagné contre toutes les équipes de Montréal. Ensuite la finale avait lieu à Québec. On a battu une équipe de Rimouski pour remporter le titre interscolaire provincial!


Plus tard alors que j’étudiais en Économie, je me suis retrouvé dans le club d’échecs de l’université McGill même si j’étudiais dans une autre université. Ils avaient un très fort club à McGill. N’étant pas tellement porté vers les études, je gardais néanmoins la passion des échecs. Un jour la chance s’est présentée d’obtenir un travail à temps plein, à organiser et gérer club d’échecs, dans un centre communautaire. J’ai sauté sur l’occasion ! C’était dans le quartier de St-Henri, je travaillais de : 14 à 22 heures soit 8 heures chaque jour. Ce travail s’est prolongé de 72 à 74. En février 1973 j’ai organisé mon premier festival d’échecs, on occupait toute la bâtisse, il y avait des activités d’échecs dans toutes les salles. 600 personnes ont défilés dans la fin de semaine. C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’aimais mieux organiser des activités d’échecs que de jouer. Ensuite Léo Williams m’avait demandé d’organisé un tournoi toujours en 73 aux Galeries d’Anjou. On cotait les parties à l’aide d’un ordinateur, ce qui était très avant-gardiste pour l’époque. Il s’agissait d’une cote locale que l’on gérait nous même.

J’ai occupé le poste de Trésorier pour la FQE dans les années 70. J’ai arbitré le COQ avec Léo Williams en 1974, puis le « Canadian Open » en 77 ou 78, le Championnat junior en 79. J’ai occupé la présidence de la ligue d’échecs de Montréal, de 1975 a 1978. En 78 j’étais dépendant à 100% des revenus des cours d’échecs et des tournois organisés par la ligue. Toujours en 78, suite au décès de M. Ledain qui écrivait la chronique d’échecs dans le journal « The Gazette », je me suis lancé dans l’aventure de chroniqueur d’échecs. On me payait presque rien pour cette chronique mais cela me permettait de continuer à donner un peu de visibilité aux échecs dans un grand journal Métropolitain. J’ai écris cette chronique pendant 25 ans jusqu’en 2003.

En 79 lors du grand tournoi international de Montréal, les organisateurs offraient aux intéressés un comptoir de livres d’échecs et de matériel à vendre. J’ai obtenu le contrat et à compter de ce moment, je me suis embarqué dans une autre aventure, la vente de matériel d’échecs et de livres. Tall mentionne d’ailleurs dans l’un de ses livres qu’il n’avait jamais vu une aussi grande diversité de livres et matériel d’échecs à vendre lors d’un tournoi.

Un arbitre canadien qui s’était résolu à obtenir son titre d’arbitre International m’a proposé de faire aussi une demande dans ce sens à la FIDE, afin qu’il ne soit pas le seul canadien à postuler le titre. Nous avons fait notre demande ensemble.

C’est en 1982 que j’ai reçu le titre arbitre International et je ne voyais vraiment pas à quoi cela allait me servir. Finalement en 1984, j’ai appliqué pour arbitrer aux Olympiades des échecs qui se déroulaient en Grèce. A ma grande joie on a accepté ma candidature et de plus on me donnait la responsabilité d’une section d’arbitres. J’étais enchanté de l’offre. Qu’elle magnifique occasion de visiter la Grèce tout en travaillant dans les échecs, aussi la chance de voir à l’œuvre certains des meilleurs joueurs au monde. On devait défrayer le coût de nos billets d’avion mais les organisateurs s’occupaient du logement, la nourriture et du salaire de 600$ qui s’ajoutaient au tout. Un beau contrat bien plaisant ! C’est en 1985 que suite a une entente écrite entre la LEM, la FQE et moi, j’ai fondé l’association Échecs et Mathématiques (Association sans but lucratif).

En 1986 les Olympiades se déroulaient à Dubaï dans les Émirats arabes. On me confiait la responsabilité des premiers échiquiers. Les conditions étaient incroyables, ils payaient tout, billets d’avion, logement, 1000$ en salaire, des cadeaux à profusion, courses de chameau etc.… C’est lors de cette olympiade que j’ai rencontré Vishi Annand qui n’avait alors que 16 ans. Déjà il était un grand « Gentleman »…Seule ombre au tableau, Lagos Portisch demande un ajournement de sa partie, elle fut reprise le lendemain. J’ai du rester à surveiller sa partie alors que tout le monde passait la journée à la plage.

En 1988 les olympiades se déroulaient encore en Grèce. Suite à ma participation aux olympiades de 84 en Grèce mon intérêt à y participer de nouveau devenait moins intéressant. J’ai donc décidé de ne pas y retourner. En décembre 88, on m’invite au championnat semi rapides mondial au Mexique, toutes dépenses payées. Connaissant les Mexicains de réputation j’ai demandé a être payer comptant. Les autres arbitres présents ont trouvés ma demande un peu exagérée. Ils ont tous été payés par chèques après le tournoi mais pour plusieurs leur chèque était sans provisions ainsi que certains gagnants de prix du tournoi. La plupart, sauf Jonathan Berry, ont toutefois réussi à se faire payer par la suite grâce a la FIDE qui s’est chargée de rembourser les argents manquants. Aussi en 88 J’ai arbitré au « World Chess Festival » qui se déroulait à St-John au Nouveau-Brunswick. Cet événement a été qualifié d’événement le mieux organisé dans le monde des échecs par le Grand Maître Max Dlugy, ancien président de la fédération américaine des échecs, dans une entrevue récente qui est parue sur le site de ChessBase.

Par la suite, le manque d’intérêt ainsi que temps dont je disposais, étant donné mon travail avec Échecs & Maths, ont fait en sorte que j’ai délaissé ce genre d’activité. De 72 a 78, Pierre Dorion avait un café appelé « Café en Passant » ou les joueurs d’échecs se rencontraient. En 86 il voulait faire revivre ce café. Il m’a approché pour l’aider à financer son projet. Pour moi le « timing » était bon, je venais de recevoir un petit héritage suite au décès de mon père. Beaucoup de Maîtres Internationaux sont passés par le café. L’aventure a durée jusqu’en 89. Toutefois, j’ai perdu beaucoup d’argent dans ce projet… »

Aujourd’hui il arrive à Larry d’arbitrer les tournois pour enfants organisés par l’AEM (surtout à Ottawa dernièrement). Les petits ont la chance d’avoir un arbitre Iternational qui fait les appariements. Ils n’en font toutefois pas la différence…. : -)